En la fête de sainte Jeanne Jugan,
Quelle autre page de l’Évangile l’Église pouvait-elle nous donner… à méditer que la Sermon sur la montagne, « les béatitudes« ? Bienheureux les pauvres de cœur… les doux … ceux qui ont faim et soif de la justice …! (Matthieu 5, 1-13) Mais qu’allons-nous faire de ces invitations à ce que nous venons d’entendre, aujourd’hui, demain?
« Laissez-vous tailler par Jésus-Christ« , disait Jeanne Jugan. Elle disait cela aux jeunes, aux novices qui voulaient devenir « petite sœur des Pauvres », pour les inciter à vivre bien les exigences de leur formation. « Laissez-vous tailler » : comme on taille les pierres pour les ajuster dans une construction. L’image lui était venue parce qu’elle voyait les tailleurs de pierre qui travaillaient sur le chantier de cette chapelle où nous sommes. Il fallait bien que les futures Petites Sœurs « se laissent elles-mêmes « tailler » pour être ensemble humbles et courageuses, réellement transformées par l’amour de Jésus pour être ensemble efficace devant l’immense projet qui devenait réalité : sortir de la misère les personnes âgées sans ressources, très nombreuses par ici, à cette époque. Et, plus précieux que tout, leur montrer en les aimant, que Dieu les aime.
Et puisque c’est sa fête aujourd’hui, bénissons le Seigneur d’avoir donné à l’Église, parmi les saints et les saintes de Dieu, Jeanne Jugan devenue Mère Marie de la Croix, fondatrice de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres.
L’idée de « se laisser tailler » par l’Évangile du Christ va bien avec sa personnalité, et même aussi son visage. Je parle de son vrai visage car il en existe de multiples présentations qui, toutes, disent quelque chose de ce qu’elle a été en ce monde. Mais la plus proche de la réalité est sans doute celle qui figure sur la couverture du livre de son principal biographe, Paul Milcent, publié en 1979. Sur un fond impressionnant de calme et de bonté, le regard surtout, les traits de son visage traduisent la force, on même dire la rigueur, une extrême énergie …
Le 30 août 2021
Homélie de Mgr Emille Marcus