Mère María del Monte Auxiliadora, Supérieure générale de la Congrégation et Mère Patricia Ivonne del Espiritu Santo, une de ses assistantes, ont quitté la France le 30 janvier 2019 et sont arrivées à Bogota en Colombie le même jour mais un peu plus tard !
Elles visiteront successivement nos 9 maisons du pays : Bogota, Tunja, Zipaquira, Tibú, Valledupar, Cartago, Cali, Medellin, Chapinero afin de rencontrer les résidents, les Petites Sœurs, les Associés Jeanne Jugan et les salariés.
Pourtant nos premières Petites Sœurs, en 1899, n’arrivèrent pas en Colombie aussi rapidement !
À travers ce rappel des commencements, nous devinons et admirons leur esprit de sacrifices et leur zèle missionnaire !
Dix Petites Sœurs composaient en 1899 la première colonie. Après une traversée de trois semaines de Bordeaux à Barranquilla (une ville du nord de la Colombie), commença un pittoresque trajet d'environ quinze jours sur le fleuve de la Magdalena (le fleuve le plus important du pays), puis quatre journées consacrées à franchir les montagnes à dos de mule. Combien il fut malaisé de remonter la rivière à cause de l'insuffisance des eaux ! Le bateau s'enfonçait souvent dans les sables et ne reprenait sa marche qu'après de longs arrêts ; plusieurs fois même, il fallut transborder les passagers sur une autre embarcation pour continuer d'avancer. Cependant la belle nature invitait les voyageurs à penser à Dieu au travers de ses œuvres : c'étaient des fleurs, des oiseaux aux multiples couleurs, d'admirables forêts vierges descendant jusqu'au bord de la rivière. Après ce voyage, le journal des Petites Sœurs rapporte : "Dix mules pour nous et trois chevaux destinés à nos respectables guides nous attendaient. Bientôt la caravane s'engagea dans des chemins assez difficiles ; on arriva à une montée rocailleuse, fort raide, qui ne nous effraya pas trop. Mais le jour baissait... la nuit se passa dans une hôtellerie, au pied d'une montagne. Le lendemain, le cortège se reforma, le chemin était pire que la veille... Voici une côte à pic, semée d'énormes pierres formant de vraies barricades. La mule se dresse sur ses pieds de derrière pour les escalader. De temps en temps se présente un étroit passage entre des rochers, elle s'y engage tranquillement ; au-delà les soubresauts recommencent de plus belle. Quelquefois et même souvent, elle suit le bord du précipice ; à son point de vue sans doute, c'est moins périlleux et plus facile. Du reste inutile de tirer la bride, la bête entêtée tient à remettre son pied où elle l'a déjà posé cinquante fois sans accident. Il faut convenir qu'elle a raison car, sûre de son affaire, elle ne trébuche jamais ; on tâche alors de devenir aussi indifférente qu'elle en face du danger... La journée s'écoule ainsi. Le lendemain, de bonne heure, nous remontons sur nos bêtes et recommençons à cheminer par des routes impraticables ; quelles secousses dans les descentes où la mule est obligée de sauter d'une roche à l'autre !... Si la montée d'hier était terrible, la descente d'aujourd'hui est encore plus épouvantable. C'est le moment plus que jamais de s'abandonner à la Providence et à sa monture, tout en prenant soin de se reculer sur la croupe de l'animal pour ne pas tomber sur sa tête, car il s'incline aussi verticalement à la descente qu'à la montée. Il s'agit d'atteindre 2.600 mètres au-dessus du niveau de la mer et nous voilà de nouveau dans des côtes escarpées plus effrayantes les unes que les autres..."
Depuis ce lointain voyage périlleux, les Petites Sœurs sont toujours là auprès des personnes âgées afin de les "rendre heureuses, c’est tout!" selon l’expression de Sainte Jeanne Jugan.