Sous la Révolution française furent arrêtées et rassemblées à la prison d’Orange, cinquante-deux religieuses du Vaucluse et de la région d’Avignon, accusées « d’avoir voulu détruire la République par le fanatisme et la superstition ». Ce qu’elles vécurent le jour de leur mort existe dans les archives : « 5 heures : lever et méditation, prières de la messe – 7h : déjeuner – 8h : litanies des saints et autres prières – 9h : plusieurs sont convoquées au tribunal et elles se disent un joyeux adieu. Celles qui restent prient pour celles qui partent et méditent un chemin de croix. – 18h : le roulement de tambour annonce que les condamnées montent à l’échafaud. Les prisonnières qui restent disent les prières des agonisants. Quand le tambour cesse, elles chantent le « Te Deum ». Aucune n’avait peur ; aucune ne signa le serment qui lui eût épargné la mort. Elles chantent même un hymne dont le refrain est plein d’humour : « Bien loin que la guillotine me cause quelque frayeur, mon Dieu me fait voir en elle un moyen très précieux qui, par une voie nouvelle, me conduit droit aux cieux. » Trente-deux d’entre elles furent décapitées. Les vingt autres furent sauvées par le décret de la Convention qui arrêtait les massacres.
C’est la joie de Pâques. C’est la joie de la transfiguration de l’univers. Alors plus rien ne nous fait peur. Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous. Nous sommes des dieux. Désormais tout a un sens