Née à Metz le 25 août 1817, elle partagea son enfance entre l’hôtel particulier des Milleret de Brou et la vaste propriété de Preisch, aux frontières du Luxembourg, de l’Allemagne et de la France. Comblée dans une famille incrédule dont le père voltairien est un haut fonctionnaire et la mère, excellente éducatrice, ne pratique que le formalisme religieux, elle connaîtra une véritable rencontre mystique avec Jésus Christ au jour de sa première communion : « Je ne l’ai jamais oublié. » En 1830, son père ruiné doit vendre la manoir de Preisch puis l’hôtel de Metz. Ses parents se séparent en 1831 et elle vient à Paris avec sa mère qui sera emportée brutalement par le choléra en 1832. Elle est recueillie dans une riche famille amie, à Châlons. L’adolescente de 17 ans connaît alors le désarroi et la solitude dans les mondanités qui l’entourent : « Je passai quelques années à me questionner sur la base et l’effet des croyances que je n’avais pas comprises… Mon ignorance de l’enseignement de l’Eglise était inconcevable et pourtant j’avais reçu les instructions communes du catéchisme. » (Lettre à Lacordaire – 1841) Son père la fait revenir à Paris. Durant le carême 1835, elle retrouve la lumière en entendant l’abbé Lacordaire prêcher à Notre-Dame. « Votre parole me donnait une foi que rien ne devait plus faire vaciller. » « Ma vocation date de Notre-Dame » dira-t-elle plus tard. Elle se passionne alors pour le renouveau du christianisme de Lamennais, de Montalembert et de ses amis. Parmi eux, l’abbé Combalot dont elle entend les prédications à Saint-Eustache en mars 1837. Il rêvait de fonder une congrégation dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, pour former les jeunes filles des milieux dirigeants, irréligieux pour la plupart. Elle rêvait de réaliser une vocation religieuse. Elle hésite d’abord à le suivre, puis elle acquiesce. En avril 1839, elles sont deux à se réunir pour cela rue Férou dont le changement de numérotation rend difficile la localisation et se retrouvent bientôt quatre dans un appartement, 104 rue de Vaugirard, étudiant la théologie, l’Ecriture Sainte et les sciences profanes. Kate O’Neill, une Irlandaise, est déjà là qui prendra Thérèse-Emmanuel comme nom de religieuse et dont la forte personnalité l’accompagnera toute sa vie de son amitié. Et c’est la rencontre avec l’abbé d’Alzon qui fondera les Pères de l’Assomption en 1845. Cette grande amitié durera 40 ans. Pétri des idées de Lamennais, attaché à l’Eglise, il l’entraîne, elle le modère. Il est combatif, elle le nuance. Les fondations ne se comptent plus à travers le monde. Rome reconnaît cette nouvelle congrégation en 1867. Les « Constitutions » de la Congrégation de l’Assomption seront définitivement approuvées le 11 avril 1888. Sa santé s’altère. Vaincue par la paralysie en 1897, elle n’aura plus que son regard pour exprimer son unique passion, le Christ ressuscité qu’elle rejoint le 10 mars 1898.
Le 9 février 1975, le pape Paul VI béatifie celle qui, venue de l’incrédulité, a découvert la foi dans un amour passionné du Christ et s’est retrouvée fondatrice au cœur de l’Eglise.
A Rome, le samedi 16 décembre 2006, le Pape Benoît XVI a autorisé la Congrégation des Causes des Saints à promulguer le Décret relatif au miracle attribué par l’intercession de la Bienheureuse Marie-Eugénie de Jésus (Anne-Eugénie Milleret de Brou) fondatrice des Religieuses de l’Assomption.
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A Rome, le dimanche 3 juin 2007, le Pape Benoît XVI a canonisé Sainte Marie-Eugenie de Jésus.
La vieillesse, un état où il ne reste plus que l’amour. Je n’ai plus qu’à être bonne.