On appelait ce mystique « la harpe du Saint-Esprit ». Né à Nisibe (Nesaybin actuellement, en Turquie) dans la province romaine de Mésopotamie, il fut chassé de la maison par son père, païen intolérant, pour ses « fréquentations chrétiennes ». Accueilli par l’évêque du lieu dont il devint le fils spirituel selon l’historien saint Grégoire de Tours, il se convertit au christianisme à l’âge de 18 ans. Ordonné diacre, il voulut le rester par humilité. Il fonda à Nisibe une école théologique de grand rayonnement. Mais à cause de l’invasion perse dans cette région, il préféra franchir la frontière et s’installer, avec son école, à Edesse, dans l’empire romain. Il fut un grand défenseur de la doctrine christologique et trinitaire dans l’Eglise syrienne d’Antioche. Il composa de nombreux ouvrages, commenta toute la Bible, écrivit des poèmes qui remplacèrent les chants des fêtes populaires et répondaient aux chansons des hérétiques qui répandaient ainsi leurs thèses erronées. « Dimanche et fête, évoque un compatriote, il se tenait au milieu des vierges et les accompagnait de sa harpe. Toute la ville alors se réunissait autour de lui. » Ses hymnes inaugurèrent la pratique du chant liturgique. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des plus grands poètes de langue syriaque.
La prière, Seigneur, est comme un miroir devant ta face. Que, par elle, soient réfléchies ta beauté et ta grandeur ! Que nos pensées n’envahissent pas notre prière ! Que s’y impriment les mouvements de ton visage ; que ce miroir reproduise ta beauté !