Fils d’une ancienne esclave noire péruvienne et d’un noble espagnol castillan qui ne voulut pas le reconnaître, il supportera, toute sa vie, les humiliations et le mépris que lui attiraient sa naissance illégitime et la couleur de sa peau. Dès son adolescence, il partageait son pain avec plus pauvre que lui dans les rues de Lima. A 22 ans, il entre comme tertiaire laïc dominicain à Lima, où il accomplira avec beaucoup de délicatesse et de patience sa charge d’infirmier. Sa bonté envers les chiens, les chats et même les dindons est immense, ce qui le rend très populaire auprès des populations indiennes. Un jour qu’il apprend que son couvent est couvert de dettes, il supplie le prieur de le vendre comme esclave puisqu’il est le fils d’une ancienne esclave, »pour être utile au moins à quelque chose dans la communauté ». Ses journées se passent à recevoir, écouter et aider les pauvres. Ses nuits se passent en prière. Bientôt, malgré ses ruses de Sioux, tous les frères savent qu’il « ne faut pas s’étonner des extases de frère Martin à qui le Seigneur donne tant de grâces mystiques ».
Frère Martin, lui dit son prieur, vous ne faites rien de bon – C’est malheureusement vrai, révérendissime Père. Malgré tout, permettez-moi de vous offrir tout de même une sélection de nos meilleurs fruits et spécialités locales. – Volontiers ! Somme toute, vous n’êtes point si mauvais, reconnut le prieur.