Pour faire une bonne Petite Sœur, il faut beaucoup aimer le Bon Dieu,
les pauvres, et s'oublier soi-même. Jeanne Jugan
La petitesse est synonyme d’humilité.
Vingt ans d'appartenance au Tiers-Ordre de la Mère Admirable simplifient l'âme de Jeanne Jugan, par la contemplation du mystère de Jésus et de Marie, école d'oraison simple et directe de Saint Jean Eudes. Ses paroles et ses conseils montrent sa vie spirituelle centrée sur l'amour désintéressé de Jésus, la communion à ses mystères.
De cette spiritualité christocentrique, elle retient spécialement que "la vraie humilité du cœur... consiste à être humble comme Jésus l'a été". Ainsi comprise, l'humilité la conduit à cet appauvrissement intérieur qu'elle traduit par le mot "petitesse".
L’humilité est une vertu que saint Jean Eudes place "à la racine de toutes les vertus".
Car l’humilité parfaite, c’est Jésus en personne ! Il s’est anéanti, est devenu semblable aux hommes, il s’est abaissé, jusqu’à connaître la mort, et une mort infamante sur une croix. Jésus nous dit dans l’évangile : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. " (Mt 11, 28-29)
Douceur et humilité de cœur ont vraiment caractérisé Jeanne Jugan.
L’humilité rejoint la pauvreté spirituelle : une attitude intérieure d’acceptation de tout ce qui limite : insuccès, manques d’égards, oublis ; c’est par contre la reconnaissance des autres, de leurs qualités, de leur supériorité. Cette attitude permet de se dégager de soi-même pour laisser travailler la grâce de Dieu. C’est un travail de toute une vie !
La prière nous rend à la fois présentes à Dieu et aux hommes.
"La prière est une chose aussi essentielle pour nous que la terre qui nous porte, l’air que nous respirons, le pain qui nous rassasie, le cœur qui bat dans notre poitrine". St Jean Eudes
La vie de prière a les mêmes principes profonds pour tout le monde. Mère de famille, Carmélite ou Petite Sœur des Pauvres, la vie de prière a les mêmes fondements : vivre pour Dieu, avec Lui et par Lui ! Mais comme le cadre de vie est différent, la vie de prière s’alimente différemment.
Le tout est d’arriver à faire l’unité dans sa vie : rencontrer Dieu dans une prière authentique, puiser dans cette prière la source de l’amour pour le monde qui nous entoure, et trouver dans ces contacts une source de vie de prière. Voilà l’unité !
Petites Sœurs des Pauvres, nous sommes ‘religieuses apostoliques’. Ma Maison (ou Home St Joseph en Belgique) n’est pas un monastère ! Notre vie s’écoule entre les temps d’activité auprès des personnes âgées ou en lien avec leur service, les temps passés en communauté avec nos Petites Sœurs, et les temps de prière proprement dits. (Sans oublier les temps de sommeil !)
Ce qui fait l’unité entre ces différents temps est la recherche de Dieu en toutes choses :
- Dieu est reconnu dans la personne des résidents, de nos Petites Sœurs, des laïcs qui travaillent avec nous.
- Dieu est recherché dans le silence et la solitude de la prière personnelle, dans les chants de nos offices communautaires.
- Dieu est trouvé dans la méditation de sa Parole, et dans les sacrements : l’Eucharistie quotidienne, le sacrement de réconciliation.
La vie de prière concerne donc les trois dimensions (personnelle - communautaire – apostolique) de notre vocation.
Au quotidien, la vie de prière se manifeste par des temps forts :
- Tôt le matin, 35 minutes d’oraison, prière silencieuse, suivie de l’office communautaire des laudes
- Dans la journée, la messe, à laquelle participent souvent aussi des résidents
- 30 minutes de prière personnelle devant le Saint-Sacrement
- un office du milieu du jour, prié en particulier
- la prière du chapelet, en commun ou en particulier
- la lecture de la Bible ou d’un livre spirituel
- En fin de journée, l’office communautaire des vêpres
- Avant de se coucher, l’office communautaire des complies.
Ces temps forts nous aident à intensifier notre amour de la vie cachée avec le Christ en Dieu. Nous y puisons la force et la persévérance pour vivre un humble dévouement au service des pauvres.
La spiritualité de l'école française transmise par St Jean Eudes et celle de l'Ordre Hospitalier de St Jean de Dieu, se rejoindre en l'âme de Jeanne Jugan, y créent une capacité d'ouverture universelle.
Saint Jean Eudes (1601 - 1680)
Brûlant d’amour pour Dieu et pour les hommes, la spiritualité de Jean Eudes s’appuie beaucoup sur la symbolique du Cœur.
Il est contemporain de saint Vincent de Paul et sa vocation s’explique en grande partie par la situation religieuse de la France à son époque. Le peuple, écrit-il, “avait remplacé la foi par la sorcellerie et la superstition”, les puissants “donnaient l’exemple de tous les vices”, les prêtres étaient “ignorants et souvent corrompus, abandonnant leur troupeau dès qu’apparaissait la peste ou une épidémie”. Pour y remédier, s’appuyant sur ses dons évidents pour la prédication, il organise des “missions paroissiales”, en Bretagne, en Normandie, en Bourgogne et jusqu’à la cour du roi Louis XIV, pour une annonce systématique de l’Evangile – près de cent quinze missions entre 1632 et 1675. Pour mieux se consacrer à cet apostolat, il quitte l’Oratoire en 1643 et fonde, à Caen, “la Congrégation de Jésus et de Marie” (les Pères eudistes), qui se voue aux missions ainsi qu’à la fondation des séminaires pour la formation d’un meilleur clergé. En 1642, il crée également “l’Institut Notre-Dame de Charité”, dont les religieuses se consacreront, entre autres ministères, à la réhabilitation des femmes prostituées. Son action s’appuie sur la compassion du cœur de Marie et la miséricorde du cœur de Jésus. Ayant renoncé à la charge de premier supérieur général de sa congrégation, il s’éteint à Caen en 1680, à l’âge de soixante-dix neuf ans.
Saint Jean de Dieu (1495 - 1550)
Fondateur de l’Ordre Hospitalier des Frères qui porte son nom, “Saint Jean de Dieu“ est un homme de feu...
A huit ans, pour des raisons que l’on ignore, le petit Portugais Joao Ciudad fait une fugue et se retrouve vagabond sur les routes. Pendant 33 ans, il va mener une vie d’errance : enfant volé puis abandonné par un prêtre escroc, il parcourt l’Espagne. Tour à tour berger, soldat, valet, mendiant, journalier, infirmier, libraire… Le vagabond, un moment occupé à guerroyer contre les Turcs en Hongrie, se retrouve à Gibraltar. Et c’est là qu’un sermon de saint Jean d’Avila le convertit. Il en est si exalté qu’on l’enferme avec les fous. Puis son dévouement éclôt en œuvres caritatives. Tout ce qu’il a découvert et souffert va le faire devenir bon et miséricordieux pour les misérables. Il collecte pour eux, ouvre un hôpital, crée un Ordre de religieux, l’Ordre de la Charité. L’hôpital qu’il a fondé à Grenade donnera naissance aux Frères Hospitalier de saint Jean de Dieu. Au moment de mourir, il dira : “Il reste en moi trois sujet d’affliction : mon ingratitude envers Dieu, le dénuement où je laisse les pauvres, les dettes que j’ai contractées pour les soutenir.”
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