Rennes – De mon balcon septembre

Cuillère à beurre et balayette !

De mon balcon… j’ai vu un ouvrier à genoux, longeant une poutrelle préfabriquée et déjà scellée aux pieux enfouis à une douzaine de mètres dans le sol. Balayette en mains, - genre balayette de table, - il refoulait petits cailloux, grains de sable et tout corps étranger, avant l’installation d’un coffrage pour un mur à couler dans les heures proches …

J’ai vu … - à la fin de chaque action caractérisée, - les ouvriers procéder au nettoyage du lieu : bouts de chevrons, madriers, plastics divers, ferraille et autres destinés à la benne à ordure toute proche. Combien d’autres activités dites futiles sur ce chantier énorme et qui prend forme d’heure en heure. C’est un plaisir de le regarder, de le scruter dans ses détails, parfois minuscules. Il sera interrompu du 27 juillet au 27 août pour cause de congés.

Balayette et cuillère à beurre ! … Quel rapport ? … L’amour et la fierté du travail bien fait. - Mon grand-père, dans ses vieux jours, bricolait !!! Dans une planchette de 25 cm x 12 et 3 d’épaisseur, extraite d’un pied de buis, il vous travaillait une cuillère à beurre qui servait à la fermière pour tourner, retourner, battre le beurre sorti de la baratte à ribot. - Avec scie, rabot, gouge, rappe, grand-père finissait le travail au papier de verre, du zéro et du double-zéro : il frottait doucement, longuement, longuement … ce bois extrêmement dur et qui se révélait au bout du bout extrêmement brillant, un jaune d’or si doux que la fermière se devait de vous présenter une motte de beurre parfaite, agréable.

Deux exemples et combien d’autres, invisibles, aux cryptes ou sous les voûtes de nos cathédrales, chez Eiffel et tant d’inventeurs méconnus … chacun est à même de découvrir dans ses ancêtres et ses collègues, des hommes, des femmes qui ne ménagent pas leur peine et qui aiment accomplir leur tâche simplement et consciencieusement, sans se dire des héros. Créateurs, inventeurs restent dans l’ombre, - ils n’en sont pas moins des génies qui grandissent l’homme et valorisent le travail. Ils n’en ignorent pas la pénibilité … et sans doute en sont-ils les vrais connaisseurs … de la pénibilité.

A l’heure où nous nous penchons sur leur travail, les hommes du chantier de Ma Maison, le futur Ehpad, sont en vacances … bien méritées. - Bravo, les gars ! Revenez, reposés, jouer dans votre orchestre si bien ajusté à l’heure et à la minute, - pour des heures parfois à rallonges parce qu’il faut vider la toupie de ciment.

Congés, vacances …   (septembre 2018)