"C’est si beau d’être pauvre, de ne rien avoir, de tout attendre du Bon Dieu !" Jeanne Jugan.
La pauvreté vécue par Jeanne Jugan, nous montre une double dimension : humaine et spirituelle. C’est pourquoi, son exemple peut nous éclairer et encourager, aujourd’hui encore. Dans son exhortation Appel à la sainteté dans le monde actuel, le Pape François nous rappelle que, à travers les Béatitudes se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies (cf. Gaudete et Exultate 63).
En reprenant les expressions du Pape François pour chacune des Béatitudes, nous pouvons les voir à l’œuvre en la vie de Jeanne Jugan, présentée par Paul Milcent, dans son ouvrage : Jeanne Jugan, humble pour aimer.
Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! (GE 70)
C’est cela la PAUVRETE de Jeanne : elle n’a pas à se demander selon quelles normes il faut vivre la pauvreté évangélique : le mouvement même de l’amour la dépouille et d’une double façon : partage total avec les pauvres qu’elle sert, et renoncement à toute possession de son œuvre, de son succès, de ses pauvres. Elle ne se soucie pas de son pain à elle ; elle le sait : à qui fait l’œuvre de l’Évangile, cela sera donné par surcroît. Devant Dieu et devant ses frères, l’Esprit crée en elle un cœur pauvre.
Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! (GE 74)
Un trait de la vie de Jeanne est resté célèbre. Un vieux célibataire l’avait giflée ; elle répond doucement : "Merci, cela c’est pour moi. Maintenant, donnez-moi pour mes pauvres, s’il vous plaît."
Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté ! (GE 76)
Pour plaider la cause des pauvres, Jeanne est "vraiment éloquente ; on l’a vue souvent fondre en larmes en exposant leurs besoins ; aussi il est difficile de lui résister, et presque toujours elle a réussi à amollir les cœurs les plus durs (…). Elle a identifié véritablement son sort avec celui des pauvres…"
Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté ! (GE 79)
Pour Jeanne, le mal de l’injustice et de la pauvreté n’est pas un problème sur lequel on s’interroge ; c’est une tâche où l’on s’engage en coopérant, de tout son désir, avec l’amour que Dieu donne au monde..
Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté ! (GE 82)
La prière livre Jeanne au mouvement de l’amour, et elle le met en œuvre. Or l’amour est d’abord partage : se laisser blesser par la détresse de l’autre, se trouver à ses côtés, vivre-avec, souffrir-avec, mendier-avec. Elle se fait naturaliser pauvre : c’est le lieu de l’amour. (…) C’est tout le mystère de la MISERICORDE.
Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, C’est cela la sainteté ! (GE 82)
"Sonnons en Dieu". Cette formule dit bien le secret de Jeanne. Son œuvre n’est pas la sienne : c’est l’œuvre de Dieu. Son courage n’est pas le sien : c’est la force du Christ. Audace et liberté, confiance et action de grâce sont le climat de son existence. Et le secret de sa joie.
Semer la paix autour de nous, C’est cela la sainteté ! (GE 89)
… Au fur et à mesure que la pauvreté libère Jeanne et crée en elle une connivence avec Dieu : l’action de grâces, qui était déjà le climat de sa jeunesse, est devenue plus vibrante ; dans ses dernières années elle exulte en son corps même, usé mais libéré ; souvent gaie et chantante, elle connaît et rayonne une paix sereine…
Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile Même s’il nous crée des problèmes, C’est cela la sainteté ! (GE 94)
… Il fallait avancer, audacieusement appuyée sur Dieu seul, sans aucune sécurité… Dieu a proposé à Jeanne d’aller plus loin sur ce chemin de pauvreté croyante et de foi dépouillée : il l’a conduite à accepter, sans perdre l’espérance, qu’on lui ‘vole son œuvre’ et même la vérité de son rôle à l’origine de cette œuvre. Dieu y pourvoirait.