Le portrait de Sainte Jeanne Jugan, par Sylvain Tessier
Dans ce tableau j’ai nourri le souhait que ce fusse plus qu’une image. Qu’il devienne un vitrail par la seule personne qu’elle représente, par la Lumière du Christ qui habita les pensées et les actions de Sainte Jeanne Jugan. Un appel à une transfiguration personnelle. Que ce tableau puisse aider à mener vers Dieu, par le moyen que Lui-même jugera nécessaire, les personnes qui se recueilleront dans la Chapelle où il reposera. Un humble vœu pour la seule Gloire Divine et la Charité qui pourra s’écouler de ce petit vœu. Je souhaitais aussi aider à créer une étape supplémentaire sur le chemin vers la Basilique Sainte Jeanne Jugan à Cancale. Un magnifique projet.
Je me suis inspiré des vertus de la sainte en lisant différents ouvrages. Peut-être mon choix de vie franciscain tressaillit quand je m’aperçus à quel point elle vivait pleinement l’Évangile dans une sainte humilité.
C’est pourquoi j’ai transcris une image différente. Un peu plus iconique mais très réaliste et moderne à la fois. Remplie de signes plus ou moins visibles.
La sobriété du portrait résume son humilité, dans sa volonté de rester la pauvre de Yavhé, silencieuse mais d’une lumière si active. Une oraison vivante. Grâce au travail de la carnation qui illumine et contraste sur tout le reste du tableau. Ainsi, point besoin de halo, ni d’auréole, pour signifier sa sainteté. Toute la Charité qui, du Cœur de Dieu, traversait le sien pour s’épandre sur les pauvres.
Ses yeux ne sont pas clos. Ils sont ouverts. Faits pour regarder avec vérité. Il faut une vraie présence quand il faut soigner une autre personne. Des yeux remplis d’une lumière plus grande, brillant devant les hommes, sur nos ténèbres. Elle regarde le monde agité et s’en soucie. Traversée par l’Agapé, elle laisse exploser des monceaux de douceurs. Aussi lumineux qu’un mimosa chantant un psaume dans un ciel d’hiver.
Son sourire léger, de ceux qui pratiquent la miséricorde, brûle d’une flamme d’amour pour son prochain. « Notre bonheur, c’est d’être une petite sœur des pauvres. Rendre les pauvres heureux, c’est tout. » Ce seul désir ardent dans son petit sourire offert à tous. Au malheureux qui passe.
Sa bouche close parce que Jeanne évangélisait, apprenait aux novices, surtout par les gestes.
Et ses mains sont jointes pour une prière. Car elle accueillie, elle soigne mais elle n’oublie jamais pourquoi elle le fait. Parce qu’elle est poussée par un Amour encore plus grand que le sien. Une vocation qui la pousse à écouter plus que parler. C’est-à-dire accueillir la divine Parole créatrice. Vivre pleinement la vie en accueillant le Tout qui la nourrit.
Elle porte l’habit qu’elle s’est choisie. Proche des couleurs eudistes. Sombres comme la pauvreté évangélique qui l’habite et qu’elle a pleinement choisie, pour n’être animée que de l’Esprit de Dieu seul. Être revêtue d’un habit de conversion et d’une mission. Formant une chapelle qui offre la paix et le soin aux malades comme les premiers disciples quand ils furent envoyés deux par deux.