Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres
Déposer des intentions
Jeanne naît à Cancale, en pleine Révolution. Terre-neuvas comme la plupart des hommes de son pays, son père est à la grande pêche en ce 25 octobre 1792.
Joseph Jugan, le père de Jeanne est pêcheur comme la plupart des hommes de Cancale, ville bretonne où vivent Jeanne et les siens. Quatre ans plus tard, son père disparaît en mer, laissant Marie Horel sa femme et ses cinq enfants dans la pauvreté.
Cette expérience de la pauvreté ont marqué la petite Jeanne; et peut-être aussi cette quête spontanée, amicale, visage cancalais de l'entraide.
Il est probable qu'elle accompagna bien souvent ces groupes de femmes qui partaient le matin, silencieuses, à jeun; elles allaient en pèlerinage, jusqu'à une petite chapelle, alors délabrée, qu'on appelait la Chapelle de la mer, Notre-Dame du Verger. Cette démarche publique était interdite, mais les commissaires de la République ne purent jamais faire cesser cette prière des femmes pour leurs maris et pour leurs fils.
Marie Joucan participait sûrement à cette supplication, elle qui, vingt années durant, a attendu le retour de son époux.
Vers 1806, avec la mort de son frère aîné, disparu en mer lui-aussi à l'âge de 18 ans, pour aider le foyer familial, Jeanne commence à travailler comme aide-cuisinière à La Mettrie aux Chouëts située à St-Coulomb, 5 km de Cancale.
La mettrie-aux-Chouettes est située à St-Coulomb, 5 Km de Cancale. Ce domaine appartenait à la famille de La Chouë de La Mettrie.
Jeanne y fut embauchée comme aide-cuisinière, sans doute à l'âge de quinze ou seize ans, et y travailla plusieurs années. Il semble que la vicomtesse de La Chouë l'accueillit affectueusement et l'entoura de sympathie: elle garda toujours, même bien plus tard, l'habitude de la tutoyer. au fil des années, elle lui voua une très grande admiration: le souvenir de Jeanne Jugan est resté vivant et vénéré dans cette famille.
car Jeanne n'y fut pas seulement employée aux tâches de cuisine: peu à peu elle y fut associée au service des pauvres. Accueil des mendiants, qui étaient nombreux: c'était bien son rôle d'aide de cuisine. Mais aussi, sans doute, visites à des familles indigentes ou à des vieillards isolés en compagnie de madame de La Chouë ou en son nom. Elle apprenait là, le partage, le respect, la tendresse. Pauvre elle-même, et intuitive, elle devait percevoir quelque chose de l'humiliation des pauvres qu'on "assiste".
Il semble qu'elle ait reçu autre chose de cette famille: un certain affinement et une certaine aisance parmi les usages d'un monde bien différent du sien. Et elle apprit à se trouver à l'aise avec n'importe quel interlocuteur, quelles que fussent ses formes de culture ou d’expression.
Toujours est-il qu'en ces années-là elle plut à un garçon de Cancale, un jeune marin, qui la demanda en mariage. Jeanne, sans éconduire ce fiancé possible, le pria d'attendre. Et il attendit.
A Cancale, une mission eut lieu en 1816, animée par une bonne vingtaine de prêtres; elle dura trois semaines; Jeanne en suivit les exercices, sermons et assemblées de prière.
Vers cette époque, son prétendant se manifesta de nouveau; cette fois, elle ne lui laissa aucun espoir. Elle avait choisi de vivre dans le célibat. Dieu l'appelait à son servie. A cette occasion, elle dit à sa mère: "Dieu me veut pour Lui, Il me garde pour une œuvre qui n’est pas connue, pour une œuvre qui n’est pas fondée."
Elle-même, probablement, n'en savait pas bien le sens; mais désormais, une obscure certitude habita son cœur. Il faudra attendre de longues années avant que se précise cet appel.
En attendant que l'appel se fasse plus clair, Jeanne, âgée de 25 ans, quitte Cancale. Le départ semble avoir été douloureux, de part et d'autre... Arrivant à St-Servan, elle s'engage à l'hôpital du Rosais; "Hôpital civil et de la Marine", tenu par un petit groupe de Sœurs de la Sagesse et une vingtaine de personnes laïques.
"Le Pauvre, c’est Notre Seigneur."
Au cours de l’hiver 1839, Jeanne est prise de compassion à la vue d’une vieille femme aveugle, infirme et abandonnée. Elle la prend sur ses épaules et monte l’étroit escalier de bois qui mène à la « mansarde » où se trouve le petit appartement qu’elle loue avec deux autres compagnes : Françoise Aubert, âgée de 72 ans, et Virginie Trédaniel, une jeune orpheline de 17 ans. Arrivée chez elle, Jeanne dépose son trésor dans son lit, tandis qu’elle-même ira dormir au grenier.
Anne Chauvin, cette première personne âgée ne restera pas longtemps seule, rapidement elle sera accompagnée par une seconde, puis une troisième… En offrant son lit, Jeanne se dépouille du peu de choses qu’elle possède. Qu’importe ce qu’elle mangera demain, c’est aujourd’hui que l’humanité a faim. Jeanne ne peut pas se contenter de regarder, elle doit secourir, nourrir, apaiser… La nouvelle se passe de bouche à oreille et tout s’enchaine : en 1843, elles sont quarante vieilles femmes.
En 1842, les ressources de la petite Famille s’amenuisent, alo rs Jeanne décide de partir en quête à la place de ses pauvres. Elle expliquait : « Eh bien, monsieur, ce ne sera la plus la petite vieille qui viendra désormais, ce sera moi ». Son choix est confirmé par une rencontre avec Claude-Marie Gandet, un Frère de Saint Jean de Dieu qui lui offre son premier panier de quête.
Un long silence
"Vous savez ce qui se passe, mon bon Jésus. Je n’ai que Vous." Jeanne Jugan
Après quatre années d’intense activité, Jeanne Jugan est arbitrairement destituée de sa charge de supérieure. Le Père Le Pailleur nomme Marie Jamet, âgée de 23 ans, à la tête de la communauté naissante.
Devant l’injustice, Jeanne répond par le silence, la douceur et l’abandon. Par amour, elle avait donné son lit, son pain. Maintenant, le Seigneur lui demande de lui céder la responsabilité de ses Pauvres, ses « trésors » comme elle aimait les appeler.
Sans aucun changement extérieur, Jeanne continue à sillonner les sentiers de France pour nourrir les nombreux pauvres qui affluent dans les maisons. De nombreuses jeunes filles se mettent à sa suite, permettant ainsi d’ouvrir des maisons dans toute la France et de franchir la Manche dès 1851.
Au fil des années, l’ombre s’étend de plus en plus sur Jeanne. En 1852, à peine âgée de soixante ans, elle est rappelée à la maison de Rennes. Elle ne sortira plus en quête. Quatre ans plus tard, elle accompagne le noviciat à La Tour Saint Joseph, où elle vivra une longue retraite de vingt-sept ans.
A sa mort, le 29 août 1879, peu de Petites Sœurs savent qui elle est, mais son influence près des jeunes est décisive. Par son exemple, Jeanne lègue en héritage à toute sa grande famille l’humilité, la petitesse, la douceur.
Quarante ans après l’accueil de la première personne âgée, les Petites Sœurs sont 2 400, disséminées en France, Angleterre, Belgique, Écosse, Espagne, Irlande, États-Unis, Algérie, Italie et Malte.
Un exemple de sainteté
"Chantons la gloire de notre Jésus ressuscité !"
Peu à peu, la lumière prend toute sa place…
Dès 1902, la vérité commence à se dévoiler : Jeanne Jugan, Sœur Marie de la Croix, morte dans l’oubli un quart de siècle auparavant, est reconnue la première des Petites Sœurs des Pauvres, la fondatrice !
Suite à de nombreuses années d’études et de recherche, Jeanne est finalement accueillie dans le calendrier des saints : le 3 octobre 1982, Jeanne est béatifiée par le Pape Jean-Paul II, puis, le 11 octobre 2009, au nom de toute l’Eglise, le Pape Benoit XVI proclame officiellement sa sainteté.
Aujourd’hui, l’actualité du message de Jeanne est remarquable. Laïcs ou religieux, hommes ou femmes, nous sommes tous appelés, à son exemple, à élargir notre cœur pour accueillir le pauvre, pour écouter le frère, pour remercier le bienfaiteur, pour bénir inlassablement le Seigneur.
Unie au Christ, Jeanne Jugan nous a retracé le chemin de son Maître, un chemin à contre-courant aux yeux du monde, celui de l’humilité et de l’oubli, mais un chemin sans détour pour ouvrir notre "mansarde" à Dieu et à chacun de nos frères.
- Jeanne Jugan, Humble pour aimer,
Paul Milcent, Le Centurion, Paris, 1978.
Traductions : anglais, espagnol, italien, néerlandais, portugais, chinois, marathi, arabe, coréen. - Jeanne Jugan, Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres,(Disponible en numérique)
Paul Milcent, La Tour St-Joseph, St Pern, 1982.
Traductions en de nombreuses langues. - Ce que croyait Jeanne Jugan, Une vraie pauvre,
Cardinal Gabriel-Marie Garrone, La Tour St-Joseph, St Pern, 1993. - Jeanne Jugan, le Désert et la Rose,
Eloi Leclerc, Desclée de Brouwer, France, 2000.
Traductions : anglais, espagnol, italien, coréen, portugais. - Prier 15 jours avec Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres,
Michel Lafon, Nouvelle Cité, Montrouge, 2003. - Jeanne Jugan,
Mgr Francis Trochu, éditions Via Romana, Versailles, 2009 (édition primitive en 1947 par Ed. Emmanuel Vitte) - Sainte Jeanne Jugan, Tendresse de Dieu pour la Terre,
Eloi Leclerc, Desclée de Brouwer, France, 2009.
Traductions : anglais, espagnol, portugais. - Sainte Jeanne Jugan, pour l’amour des plus pauvres,
Elisabeth Voinier, Pierre Téqui, Paris, 2009. - A la rencontre de Sainte Jeanne Jugan, Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres(bande dessinée),
Didier Chardez, Coccinelle éditions, Durbuy, 2012.
Traductions : anglais, espagnol, italien, portugais. - Ce que disait Jeanne Jugan,
Sœur Elisabeth Allard, La Tour St-Joseph, St Pern, 2014. - Bienheureuse Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres,
Mgr André-M. Cimichella, Éditions Jésus-Marie et notre temps, Montréal, 1983. - Une grande bretonne, Jeanne Jugan (Sœur Marie de la Croix), fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres 1792-1879,
Chanoine Arsène Helleu, H. Riou-Reuzé, Rennes, 1938. - Jeanne Jugan la première Petite Sœur des Pauvres. DVD de 26 minutes sur Jeanne Jugan et son œuvre aujourd'hui. Réalisation YETI
- Jeanne Jugan, Film d'animation. Production Israel Arenas