Fils d’un haut magistrat londonien, il se distingue par son intelligence, sa bonne humeur et sa piété. Une apparente vocation religieuse le conduit à la chartreuse de Londres, mais il n’est pas fait pour la solitude contemplative. Il est bâti pour la vie active dans le monde. Très vite, il se révèle un des plus grands juristes et un des humanistes les plus cultivés de son temps. L’amitié d’Erasme et la publication de « L’utopie » (une vision humoristique d’une république idéale) le placent au premier rang de la nouvelle culture et des aspirants à un renouveau religieux. Avec cela, son réalisme, son humour, sa clairvoyance souriante le font reconnaître du roi Henri VIII d’Angleterre comme un magistrat exceptionnel. D’où sa promotion aux fonctions de lord chancelier du Royaume. Mais les années de rêve dans sa résidence de Chelsea, au milieu d’une nombreuse famille, débordante de gaieté, de ferveur et d’hospitalité, ne se prolongent pas longtemps. Ni sa lucide intégrité ni sa foi éclairée ne lui permettent de suivre Henri VIII dans le schisme où les errements conjugaux du roi allaient s’engager. Sir Thomas More, fidèle à la foi catholique, bien qu’ayant renoncé à ses haute fonctions pour garder sa liberté de jugement, paiera de sa tête cette fidélité.
On me reproche de mêler boutades, facéties et joyeux propos aux sujets les plus graves. Avec Horace, j’estime qu’on peut dire la vérité en riant. Sans doute aussi convient-il mieux au laïc que je suis de transmettre sa pensée sur un mode allègre et enjoué, plutôt que sur le mode sérieux et solennel, à la façon des prédicateurs.