Un homme avait deux fils, comme lui pêcheurs sur le lac de Tibériade. Jacques et Jean, les fils de Zébédée, ne manquaient pas de personnalité : on les appelait « fils du tonnerre ». Grande était leur soif spirituelle. C’est pourquoi ils s’attachèrent à l’enseignement de Jean le Baptiste : « Celui qui vient derrière moi est plus grand que moi. » Aussi, quand le Baptiste dit un matin, en leur montrant Jésus de Nazareth : « Voici l’agneau de Dieu », Jean suivit cet homme. Jacques dut hésiter encore. Lorsque quelques jours après, Jésus dit aux deux frères qui maillaient leurs filets : « Venez avec moi », Jacques et Jean suivirent le Maître. Jean était jeune. Il avait un grand amour du Christ. Il pensait que celui du Christ était plus grand encore. Alors il s’appela « le disciple que Jésus aimait ». Il fera partie du petit groupe des fidèles d’entre les fidèles. Il est sur le mont Thabor lors de la Transfiguration, à la Cène, tout contre Jésus, et au Calvaire, le seul parmi les apôtres, au pied de la croix. C’est là que Jésus lui confie Marie, sa mère. Selon la tradition de l’Eglise catholique, c’est toute l’Eglise qui est confiée à la Mère de Dieu. Au matin de Pâques, il court et précède Pierre au tombeau : « Il voit, il croit. » Une tradition ancienne veut que Jean ait vécu ensuite à Ephèse avec Marie, qu’il y ait écrit le quatrième évangile, qu’un séjour à Patmos ait été l’occasion d’une révélation qui devint l’Apocalypse, qu’enfin, lorsqu’il fut vieux, il n’ait su que rabâcher l’essentiel de ce que le Christ lui avait enseigné et donné de découvrir : « Dieu est amour. Aimez-vous les uns les autres. »
Il faut avoir l’audace de dire que, de toutes les Ecritures, les évangiles sont les prémices, et, parmi eux, les prémices sont l’évangile de Jean, dont nul ne peut saisir le sens s’il n’a reposé sur la poitrine de Jésus, et n’a reçu de Jésus Marie comme mère. Pour devenir un autre Jean, il faut s’entendre appelé par Jésus comme étant Jésus lui-même : « Voici ton fils. »